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Le conseil agricole stratégique au cœur de la transition agroécologique

Le conseil descendant _top down_ seul n'est plus suffisant

Les organismes de conseil agricole développent depuis une vingtaine d’années des méthodes d’accompagnement stratégique au niveau de l’exploitation. Dans un contexte de transition agroécologique, le ministère de l’agriculture a commandé une étude afin de mieux connaître les outils et méthodes disponibles.

Retrouvez l’étude complète ici et la note de synthèse ici.

Deux formats de conseil proposés aux agriculteurs

L’analyse montre que deux types d’accompagnement « cohabitent » :

  • Le conseil tactique et descendant du type « un problème élémentaire →  une solution standardisée ». Dans ce type d’accompagnement, les problèmes rencontrés par les agriculteurs sont segmentés par domaine : agronomique, économique, fiscal, juridique, organisation du travail… Les conseils viennent d’experts, d’organisations ou de dispositifs différents.
  • Le conseil stratégique et participatif traite lui des problèmes rencontrés par l’agriculteur dans leur globalité. Cet accompagnement au plus près de l’exploitation est minoritaire. Il a pour objectif de soutenir les décisions de l’agriculteur tout en renforçant la capacité de pilotage de son système.

Ces deux types de conseil ont des objectifs différents mais sont complémentaires. Un agriculteur engagé dans une démarche stratégique peut avoir besoin d’un conseil tactique sur un point technique précis. Il peut ainsi acquérir rapidement des connaissances agroécologiques.

De nombreux outils à disposition mais faiblement déployés

L’analyse présente la palette d’outils actuellement disponibles pour le conseil aux agriculteurs (figure n°1). Ces outils sont développés par les différents acteurs du conseil agricole : les coopératives, les chambres d’agriculture, les instituts techniques, les Organismes Nationaux à Vocation Agricole et Rurale (ONVARs) ainsi que des conseillers indépendants.

Figure 1 – Les guides méthodologiques analysés dans l’étude

Figure 1 - Les guides méthodologiques analysés dans l’étude
Source : auteurs de l’étude : Charles-Antoine Gagneur et Olivier Thiery

L’analyse met en évidence que ces démarches de conseil stratégique restent minoritaires. Les outils développés par les chambres d’agriculture ne sont déployés que localement et par quelques personnes engagées. Dans les coopératives, l’outil Cassiopée était encore en phase de test en 2018.

Deux acteurs du conseil agricole se démarquent dans leur avancée en terme de conseil stratégique :

  • les ONVARs (Organisme National à Vocation Agricole et Rurale) qui, grâce à des collaborations fructueuses avec la recherche publique, proposent un accompagnement stratégique, souvent en lien avec l’agriculture à bas niveau d’intrants.
  • Le réseau CER France dont l’organisation et le management lui permettent un bon déploiement des pratiques de conseil stratégique.

Quels sont les leviers à actionner pour développer le conseil stratégique ?

Selon les auteurs, les deux leviers à actionner pour développer le conseil stratégique se trouvent au niveau de l’activité individuelle de conseiller ainsi qu’au niveau des organisations de conseil agricole.

Établir un diagnostic global nécessite une vision technique transverse. Les domaines de compétences des conseillers doivent donc être plus larges. Et il est actuellement difficile de recruter ou de former des conseillers regroupant toutes les compétences. De plus, c’est un réel défi de changer d’échelle : passer de la parcelle au système d’exploitation, et de l’efficience à la reconception.

La mise en place d’une démarche de conseil stratégique implique un changement au niveau des organisations (remise à plat des mandats donnés aux conseillers) et la nécessité de travailler en réseau au sein des organisations ainsi qu’avec d’autres acteurs du monde agricole. Le déploiement d’un conseil stratégique se heurte aux organisations actuelles qui sont très cloisonnées avec un management descendant.

Le conseil descendant « top down » seul n’est plus suffisant !

Le conseil descendant « top down » seul n’est plus suffisant, il doit être complété par un conseil stratégique et participatif au niveau de l’exploitation. En dépit de quelques exceptions, l’analyse montre que malgré une palette d’outils importante, le déploiement du conseil stratégique reste faible.

Renforcer la capacité de pilotage de l’agriculteur en l’accompagnant au plus près de son exploitation lui permettra de relever les défis de transition auxquels il doit faire face. L’enjeu est donc fort pour les organisations de conseil agricole : il leur faut repenser la formation des conseillers et l’organisation de leurs structures pour s’adapter aux nouveaux besoins !

Nous sommes d’accord !

C’est tout le sens de l’ambition de Neayi. Notre plateforme web Triple Performance a précisément pour objectif d’aider le monde agricole à accompagner les évolutions stratégiques des exploitations, en suscitant les contributions et les flux “bottom-up”. Si ce sujet vous intéresse, n’hésitez pas à nous envoyer un petit message pour qu’on en discute !